publié le 18 déc. 2013 à 16:36 par Robert Berrouët-Oriol [ mis à jour : 26 déc. 2013 à 14:15] NOTE COMPLÉMENTAIRE AU SUJET DE « L’AFFAIRE ANDRÉE FERRETTI Montréal, le 17 décembre 2013Les faits, pa gen kase fèy kouvri sa… Mme Nicole Hébert qui administre et modère lesite independantes.org sur lequelAndrée Ferretti a publié le libelle qui lui a valu ma réplique, dans un courrieldaté du 14 décembre 2013, m’a concocté un lamentable et désolant chapelet deponcifs qui ne fait honneur ni aux Québécois ni aux Haïtiens. Voilée du« nationalisme » passéiste mono-identitaire d’exclusion de l’Autre, de tous les « autres », dans lebut de protéger son « ÊTRE », sa culture « épurée » de l’apport historique desflux migratoires au Québec, incapable de dialoguer avec ces étrangers « envahissants», installée dans le déni d’existence de «l’Autre » et du haut de sa « supériorité » de souche, MmeNicole Hébert m’a intimé l’ordre de rester à ma place, celle qu’elle m’adéfinitivement assignée, celle du silence, celle qui fait perdre touteconsidération et respect à un citoyen.Si je prends la peine de lui répondrepubliquement aujourd’hui, c’est uniquement pour couper court à toute vainetentative de ‘’dédouaner’’ Mme Andrée Ferretti et de minimiser l’enjeu centraldu débat. Car contrairement à ce qu’insinue Mme Nicole Hébert avec tant de légèreté,depuis la publication, le 14 décembre 2013, de ma « Lettre ouverte à Andrée Ferretti – NOTRE QUÉBEC À NOUS TOUS » : il y a bien un débat public citoyen, au Québec, en Haïti et ailleurs, sur lespropos xénophobes et outrageants d’Andrée Ferretti à l’égard du« perpétuel immigrant » Dany Laferrière et du peuple haïtien. Lesnombreux courriels de support et de solidarité que j’ai reçus, depuis le 14décembre 2013, d’écrivains québécois, haïtiens, marocains, français, etc., témoignentde l’indignation de citoyens responsables, vigilants, outrés par les proposindignes, outrageants et ouvertement xénophobes de la romancière Québécoise indépendantiste AndréeFerretti.En contexte, dans la vie de tous lesjours, dans l’apprentissage citoyen du vivre ensemble, Mme Nicole Hébert devrait savoir qu’il ne faut jamais banaliserni sous-estimer des propos xénophobes et ma lettre ouverte en porte unéclairage rigoureux.Je prends note et je fais savoir que MmeNicole Hébert a censuréLettre ouverte à Andrée Ferretti – NOTREQUÉBEC À NOUS TOUS interdit sa publication sur le site independantes.org, site sur lequelAndrée Ferretti avait, elle, librement publié son sombre factum. Pire : MmeNicole Hébert a mis fin abruptement aux commentaires des lecteurs sur le site independantes.org tout en donnant lapriorité aux rares lecteurs qui abondaient dans le sens d’Andrée Ferretti.Pareille censure, adossée à une manipulation idéologique de la parolecitoyenne, est un flagrant déni du droit à la libre expression ; elle esttoxique et donne, hélas, une claire idée de ce Québec frileux et replié surlui-même dont Andrée Ferretti et Mme Nicole Hébert –et sans doute quelques autres–, sontporteurs. Dans la langue usuelle de l’extrême droite, dans la bouche de JeanMarie Le Pen, cela s’appelle la négation et l’extinction programmées de laliberté de parole et la persistance d’une complaisance borgne et claudicante proférantle « nous autres » contre le « vous autresnousautres » Québécois pure laine, contre « vousautres », les immigrants assignésà lanon-citoyenneté–,puisqu’il faut sans états d’âme, on l’aura constaté, exclurel’Autre » du champ de la citoyenneté comme du champlittéraire québécois. Je le dis haut et fort : dans le Québec multilinguede 2013 où la langue française donnée en partage est enrichie par l’apport dediverses cultures, n’est-il pas indécent et outrageant de soutenir –comme lefait Andrée Ferretti–, un propos ouvertement xénophobe, schizophrène,obscurantiste et frileusement exclusiviste ? Faut-il le rappeler, la penséexénophobe de l’extrême droite dominicaine, depuis le 23 septembre 2013 avecl’arrêt de la Cour constitutionnelle, interditde nationalité plus de 300 000 personnesnées Dominicaines, d’ascendance étrangère et en particulier d’ascendancehaïtienne. Nous voici bel et bien en présence des dégâts causés par uneidéologie d’exclusion radicale de l’Autre.Il faut bien lire l’Histoire, la contemporaine notamment, et en tirer lesconséquences… En clair : au Québec, nous ne saurions tolérer des propos etdes pratiques d’exclusion contraires à la tradition d’ouverture, de toléranceet d’hospitalité des Québécois.
Une lecture rigoureuse et cohérentede l’Histoire nous apprend à décoder les liens ontologiques qui existent entrele particulier et l’universel et entre des contextes géopolitiques présentantdes similitudes dans leurs différences. Alors pour mémoire, je rappelle à MmeNicole Hébert que la dictature kleptocrate des Duvalier père et fils avaittransformé Haïti en un sinistre et mortifère « goulag tropical » (René Depestre), forçant des centaines demilliers de personnes à s’exiler dans de nombreux pays, parmi lesquels leQuébec. L’une des choses que nous avons apprises, au creux de l’hospitalité dela culture démocratique du Québec, est précisément l’exercice de la liberté deparole et d’association citoyenne qui nous étaient interdites sous la dictaturedes Duvalier père et fils. Ce sont également la conquête des libertéscitoyennes et l’effectivité de ces libertés qui expliquent en grande partie quelenazillon Jean Claude Duvalier soit aujourd’hui inculpé devant la justicehaïtienne pour crimes contre l’humanité, vol en bande organisée, pillage desressources de la nation, assassinats et disparition de milliers de personnesLibre à Mme Nicole Hébert d’êtresourde et aveugle aux dégâts provoqués par les sirènes de l’extrême droitenationaliste qui, au Québec comme en Europe, couve sous la braise outrageante despropos similaires à ceux d’Andrée Ferretti lorsqu’elle insulte le peuplehaïtien qu’elle traite de mendiants qui se complaisent dans l’assistanat de «l’aide » internationale… C’est là le libre choix « nationaliste », peureux etindigne, de Mme Nicole Hébert ; ce n’est pas le nôtre ni celui de lamajorité des Québécois soucieux de la vérité historique et du respect desdroits de tous les citoyens du Québec incluant les Haïtiano-Québécois.
Pour mémoire : il importe de bien prendre en compte que le déploiement des 180 000 haïtiano-québécois dans le tissu urbain du Québec ces quarante dernières années a contribué singulièrement, dans la Belle Province, à la réflexion sur la peste raciste et à une redéfinition contemporaine de l’identité québécoise, une identité inclusive et polyglotte au creux de la langue française.
Je dis également haut et fort que la dignité du peuple haïtien et celle des écrivains haïtiano-québécois ne saurait être trafiquée ni salie : ELLE NE SEMARCHANDE PAS, ELLE NE SE TROQUE NI SE CARNAVALISE SOUS LE VOILE INTÉGRISTED’UNE PENSÉE D’EXTRÊME DROITE, celle de Jean-Marie Le Pen comme celle du nationalismesclérosé d’Andrée Ferretti.
Ultime précision : la romancière French Canadian aura-t-elle le courage intellectuel de répondre publiquementà ma « Lettre ouverte à Andrée Ferretti –NOTRE QUÉBEC À NOUS TOUS » ? L’avenir le dira…
Robert Berrouët-Oriol